Hollie Cook a grandi dans un bain punk, avec Boy George en parrain, tout en étant aussi fan de pop music. À 30 ans à peine, la miss sort déjà son troisième album, Vessel of Love, et elle transforme toujours avec volupté le reggae lovers rock des 80’s en une tropical pop mélancolique, un style qu’elle a créé pour porter sa voix sensuelle vers des rivages pop-ulaires.
Quand on est le fruit d’une rencontre entre le batteur des Sex Pistols et d’une choriste de Culture Club, et qu’on choisit la musique comme métier, ça pourrait ressembler une posture pour faire mentir l’impératif « No Future » de papa. Alors, encore faut-il le faire au présent et au singulier. Et au-delà de l’underground. C’est le défi que relève Hollie Cook, en se faisant très vite remarquer dès son premier album sorti en 2011 (Hollie Cook), réalisé avec le batteur et producteur Prince Fatty. Hollie propulse alors le reggae sur les plateaux TV anglais (on en avait pas vu depuis Marley et Steel Pulse), et donne un visage en forme de joli minois à l’avenir du punk british.
Même si elle considère avoir vécu une « enfance plutôt ordinaire » à Londres, il est quand même difficile d’oublier son passé et son passif : ses parents, Paul Cook et Jennie Matthias. « La plupart des musiques que j’aime aujourd’hui sont celles qu’ils m’ont fait découvrir : des artistes aussi divers que T. Rex, David Bowie, les Beach Boys, Michael Jackson, ou les Temptations. Quand j’étais gamine, c’était normal de trimbaler les enfants partout, alors j’allais aux fêtes avec eux, et tout ça m’a éduquée. J’ai toujours été fière de mes parents, même si quand j’avais 6 ans, je n’osais pas dire le métier de mon père à mes maîtresses » explique Hollie.
« Je pense qu’être fan des Spice Girls à 10 ans, comme toutes les filles de mon âge, c’était l’attitude la plus rebelle que je pouvais avoir ! »
Pourtant, elle sait très vite qu’elle montera aussi sur scène comme eux. Au départ, Hollie envisage plutôt la danse classique, puis le théâtre, tout en apprenant la guitare et le piano, mais très vite, c’est sa voix qui s’impose comme son instrument. Son futur métier se dessine après l’adolescence : chanteuse. À priori, pas de quoi inquiéter la famille. « Il n’y avait littéralement rien qui ne pouvait surprendre ou choquer mes parents, rien ! Je pense qu’être fan des Spice Girls à 10 ans, comme toutes les filles de mon âge, c’était l’attitude la plus rebelle que je pouvais avoir ! » rigole Hollie.
La jeune anglaise avoue être encore largement séduite par les stars féminines de la pop internationale comme Solange, Rhianna, Janelle Monae ou Beyonce. Pour elle, quand on est une femme sur scène, on est forcément dans une certaine démarche féministe. Il faut dire que miss Hollie a appris son métier auprès d’amies de la famille au caractère bien trempé : les punk rockeuses du mythique groupe Slits (« les fentes » en Français). Hollie va finir par rejoindre le groupe à l’âge de 19 ans. C’est donc aux côtés de la chanteuse des Slits, Ari Up -qui avait elle-même appris la guitare avec Joe Strummer des Clash-, qu’Hollie Cook faits ses premiers pas de choriste, puis de compositrice. Elle enchaîne les tournées et les virées punks à travers le monde avec ce « girls band féministe », à la fois radical et plein d’humour.
« Quand j’ai rejoint les Slits, pour moi, c’était à la fois surréaliste et très normal, puisque j’avais littéralement grandi avec ces artistes. Les Slits étaient un peu mes « mamans », et j’ai donc naturellement fait mon entrée dans ma vie de femme et d’adulte avec elles sur scène. » En octobre 2010, Ari Up décède à 48 ans, et le groupe cesse de tourner. Hollie va alors composer son premier album, Ari Up n’en aura entendu qu’un seul titre, le prometteur « Milk and Honey » qui deviendra tube.
« Ari (The Slits) a transformé la jeune fille timide que j’étais en jeune femme forte et confiante. »
« Quand j’écris, je pense toujours à elle. Je me demande ce qu’elle aurait fait ou joué. Faire de la musique et vivre avec les Slits, m’a changé. Ari a transformé la jeune fille timide que j’étais en jeune femme forte et confiante. » Sans complexe, Hollie va quitter le giron reggae punk et l’univers des Slits pour mettre le cap sur la tropical pop, un genre qu’elle a inventé pour réunir ses influences et ses envies, son histoire et ses goûts un peu mainsteam, avec un clin d’œil à ses grands-parents arrivés de Saint Lucie à Londres. Pour habiter cette nouvelle fonction de princesse de la tropical pop, Hollie s’est aussi rêvé aussi un univers dessiné inspiré par les comics, qui illustre ses disques et ses clips. « Je n’avais pas envie de mettre mon visage en avant, pour moi le dessin est aussi important que la musique. J’imagine souvent la pochette en même temps que la musique, puis j’échange des idées avec la dessinatrice Robin Eisenberg. Au même titre que les musiciens, c’est une de mes principales collaboratrices ! » En musique, Hollie est aussi restée fidèle, au fabricant de fat riddims, Prince Fatty. Sur son dernier album, elle s’offre aussi la collaboration du producteur Martin ‘Youth’ Glover (U2, Guns N ‘Roses, Paul McCartney, The Verve…), visiblement sous le charme : « Hollie combine des mélodies envoûtantes et mélancoliques, soutenues par une écriture tranchante et des jeux de mots intelligents, avec une exquise sensibilité pop». Pourtant, bien qu’auteur-compositeur, elle confie humblement ne pas être douée pour l’écriture : pas son « point fort », tout comme la lecture. « Mais j’apprends ! J’essaie de me forcer à lire le plus possible, et pas seulement les livres que je préfèrent, ceux qui se lisent vite et qui parlent de sexe et de drogues ! » sourit la sirène. Dans l’Eurostar, Hollie avait emporté deux classiques : 1984 de George Orwell et Lolita de Nabokov, pour sa vision plus ambiguë et trouble de l’amour. « Il y a tellement de dynamiques complexes en amour et dans les relations humaines, c’est ce que j’essaie aussi d’exprimer dans ma musique, dans un style à la fois instinctif et honnête, mais tout en laissant la liberté d’une double interprétation à l’auditeur. » Comme l’amour et le reggae, la pop peut donc elle aussi être plus complexe qu’elle ni paraît, à la fois lascive et réflexive, mélancolique et joyeuse… et avoir des racines punks !
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